Sevrage

Par où commencer?

Devez-vous diminuer les tétées? Couper un boire à la fois? Arrêter tout d’un seul coup? Et votre bébé? Comment va-t-il réagir? Pouvez-vous changer d’avis? Que de questions et d’émotions surtout. Pour certaines femmes, l’allaitement prend une très grande place dans leur rôle de mère. Que votre sevrage soit planifié ou non, cela reste un deuil à faire.

Défini comme une cessation de l’alimentation lactée chez l’enfant par le Larousse, le sevrage est un passage normal pour tout enfant allaité. Cette aventure unique peut être induite par la mère ou induite par le bébé, de façon rapide ou lente, selon plusieurs facteurs tenus en compte par la famille.

Les services

Nourri-Source Laurentides offre différents services afin d’épauler les familles allaitantes et ce, jusqu’à la dernière goutte.

Le sevrage sous toutes ses formes ...

Le sevrage planifié

Généralement mené par la maman, de façon graduelle, s’étalant souvent sur plusieurs semaines, au rythme de la dyade, plusieurs raisons amènent la famille à vouloir débuter le sevrage.

Pourquoi je songe à sevrer l’allaitement de mon enfant?

  • Une douleur aux seins non prise en charge
  • Une atteinte de la limite chez la mère (ex.: fatigue, surcharge mentale)
  • Certains problèmes de santé grave
  • Une intolérance alimentaire chez l’enfant sans désir de régime d’éviction de la maman
  • Une recommandation médicale d’un programme de fertilité (ex.: maman désirant un autre enfant ayant des défis de fertilité ou de grossesse(s) antérieure(s) avec certains facteurs de risque)
  • Un retour au travail chez une maman qui ne désire pas tirer son lait
  • Pendant une grossesse
  • Les objectifs de la maman sont atteints et elle souhaite terminer, mais en douceur

Le sevrage non planifié

Souvent plus brusque, moins progressif et moins planifié. Mené par l’enfant ou par la maman, ce type de sevrage ne permet pas toujours à bébé de suivre son rythme quant à l’arrêt de l’allaitement. Selon l’âge de l’enfant et la raison du sevrage, des outils plus bas peuvent permettre d’aider cette transition.

Pourquoi mon allaitement cesse plus tôt alors que ce n’était pas mon souhait?

– > Syndrome d’inadaptation néonatal
– >Anesthésie
– >Traitements bucco-dentaires
– >Examen en endoscopie
– >Examen radiologique
– >Trouble déficit d’attention

Selon le Petit Nourri-Source, 7e édition (2020), le sevrage effectué sur un court laps de temps n’est jamais recommandé car ce dernier augmente les risques de plusieurs situation, par exemple: un engorgement, une mastite, des changements hormonaux radicaux, ou même un risque accru de dépression postnatale (chute hormonale).

Le sevrage naturel

Aussi appelé sevrage mené par l’enfant (Baby-led weaning), ou sevrage non écourté, le sevrage naturel a lieu lorsque l’enfant se désintéresse naturellement du sein (sans avoir introduit une autre méthode de boire tel que le biberon). Selon le petit Nourri-Source (7e édition), le sevrage naturel se définit lorsque l’enfant est prêt à cesser l’allaitement par lui-même, en moyenne entre l’âge de 2 ans et 7 ans.

Le sevrage partiel

Il se peut que certaines mères ne soient pas prêtes à sevrer complètement leur enfant, mais ressentent le besoin de remplacer certains boires par de la préparation commerciale pour nourrisson ou un autre aliment dans le cas d’un bébé ayant débuté l’introduction des solides. C’est souvent le cas lors d’un retour au travail ou aux études. Il est toujours possible de reprendre les boires remplacés par la suite. La production s’adaptera graduellement à cette nouvelle réalité et la maman pourra allaiter à temps partiel les jours ouvrables et à temps plein lors des journées de congé. Pour plus d’informations, nous vous invitons à visionner les formations enregistrées suivantes:

Les outils

D’abord, il est important de savoir que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) suggère un délai d’environ quatre semaines pour un sevrage complet, bien que l’arrêt de la production du lait varie d’une femme à l’autre. Ce délai permet aussi au bébé de s’adapter au changement en douceur. Ci-dessous, l’INSPQ propose plusieurs outils, divisés par groupes d’âge.

Le sevrage du bébé âgé de moins de 9 mois

Commencez par remplacer une tétée par une préparation commerciale pour nourrissons enrichie de fer. Vous la donnerez au biberon ou au verre. Entre les boires, vous pouvez soulager vos seins en exprimant un peu de lait, avec la technique du verre d’eau ou en le laissant tout simplement couler sous une douche chaude.

Quand vous ne ressentez plus d’engorgement, vous pouvez remplacer une autre tétée si vous le désirez. Au début, évitez de sauter deux tétées de suite. Petit à petit, vous remplacerez autant de tétées que vous le désirerez. Plusieurs femmes choisissent de conserver les tétées les plus importantes, comme celle du soir et celle du matin.

Quelques jours après la « dernière » tétée, certaines femmes ressentent un engorgement. N’hésitez pas à exprimer du lait pour être confortable.

Dès 6 mois, votre bébé peut commencer à boire au verre. Il ne prendra d’abord qu’une petite quantité de lait, et c’est normal. Vous compléterez au biberon, au besoin. Offrez-lui le verre souvent. Assurez-vous qu’il boit assez de lait. En effet, le lait reste l’aliment de base pendant toute la première année de vie : il fournit à votre bébé le calcium et les protéines nécessaires à sa croissance.

Le sevrage du bébé âgé de plus de 9 mois

À partir de l’âge de 9 mois, votre enfant pourra commencer à boire du lait homogénéisé à 3,25 % de M.G. à la place du lait maternel s’il a une alimentation équilibrée.
Vous pouvez choisir de guider plus ou moins rapidement votre enfant vers le sevrage à mesure qu’il vieillit. Encouragez-le graduellement à développer d’autres façons de combler ses besoins nutritionnels et son besoin de contact. Bien des enfants perdent l’intérêt pour le sein lorsque leur besoin de succion disparaît.

Le sevrage de l’enfant plus vieux

La tétée représente bien souvent un moment de contact réconfortant. C’est pourquoi, vous pourriez intégrer d’abord d’autres moments de contact rassurants pour répondre à son besoin : prenez du temps pour le bercer, le masser, lui gratter le dos. Petit à petit, vous pourrez délaisser la tétée. À la fin, votre enfant passera plusieurs jours sans demander à téter.

Voici quelques suggestions pour faciliter la transition :

  • Sans refuser le sein à votre enfant, vous pouvez décider de ne plus le lui offrir.
  • Offrez-lui une collation nutritive.
  • Raccourcissez la durée des tétées.
  • Changez vos habitudes quotidiennes. Par exemple, ne vous asseyez pas dans le fauteuil que l’enfant associe à la tétée.

Le Petit Nourri-Source suggère aussi quelques astuces:

  • Demander la complicité de l’autre parent pour changer la routine des repas et des boires
  • Occuper le bambin avec des activités stimulantes
  • Faire une entente avec l’enfant
  • Consultez un organisme communautaire en allaitement, au besoin.

Le sevrage en tire-allaitement exclusif

Le Petit Nourri-Source (7e édition) mentionne que le sevrage devra se faire selon les mêmes principes que si le bébé était allaité au sein: Couper une séance de tire-lait par 24h par semaine ainsi qu’une diminution de la durée graduellement pour éviter l’engorgement.

Le sevrage de nuit

Dans certains cas, la maman désire continuer d’allaiter de jour, mais cherche à trouver des stratégies pour effectuer un sevrage des boires de nuit. Selon le Guide de sevrage nocturne en douceur de Sandy Belisle, IBCLC, certains concepts de base pour un sevrage nocturne en douceur sont à valider avant d’entamer cette démarche:

Concepts de base

  • un enfant qui comprend le concept;
  • beaucoup d’amour et de compassion;
  • du renforcement positif;
  • une gourde d’eau près du lit;
  • une collation santé près du lit;
  • un matelas au sol;
  • faire certains deuils.

La notion de douceur lors du sevrage nocturne implique:

De répondre aux besoins physiques et émotionnels:
1. En tout temps, offrez beaucoup d’amour et de compassion à votre enfant puisqu’il s’agit d’une transition qui peut être difficile pour lui.
2. La nuit, une présence réconfortante peut être offerte par vous ou par toute autre personne en qui votre enfant a confiance.
3. Pour les enfants de plus de 12 mois ayant une croissance normale, offrez de l’eau ou une collation la nuit au lieu d’allaiter pour combler la faim ou la soif de votre enfant. Ce conseil ne s’applique pas aux enfants de moins de 12 mois, car le lait maternel ou la préparation commerciale pour nourrissons est encore nécessaire pour soutenir la croissance.

D’offrir du renforcement positif
1. À chaques petites étapes franchies, dites à votre enfant que vous êtes fière de lui;
2. Remerciez-le pour la bonne nuit de sommeil ;
3. Rappelez-lui que vous serez toujours présente pour lui lorsqu’il en ressent le besoin.

« Mon enfant, j’ai bien aimé t’allaiter la nuit, mais cette aventure doit bientôt se terminer. Dans un autre contexte, j’aurais peut-être fait autrement, mais là, aujourd’hui, ce n’est plus possible. Je ne vais plus te donner le sein la nuit. Toi, tu n’es peut-être pas prêt pour cette étape et j’en suis consciente. Alors je vais prendre mon temps et t’accompagner. Tu peux être certain que ça ne change rien à tout l’amour que j’ai pour toi. Maman sera toujours là pour toi ».
Sandy Delisle, IBCLC 2019.

De choisir le bon moment, par exemple:

  • L’enfant est en bonne santé et a un bon état général;
  • L’enfant ne vit pas de stress ou de changements importants;
  • L’enfant a plus d’un an;
  • La mère se sent capable d’accompagner son enfant avec compassion;
  • La mère est prête à dépenser de l’énergie, autant physiquement que mentalement;
  • La mère est disponible pour son enfant le jour;
  • La mère peut compter sur une personne de confiance pour l’aider.

Cet outil développé par cette consultante en lactation suggère de diviser ce processus en trois étapes, soit la présentation de la situation à son enfant, l’ajout d’une autre forme de réconfort, suivi de la suppression des tétées durant la période choisie. Un guide détaillé est disponible quant aux spécificités de chaque étape suggérée.

Grossesse et aillaitement

Que faire lors d’une nouvelle grossesse et que votre bambin continue de téter jovialement votre sein? Selon l’ouvrage de Dr Jack Newman et Teresa Pitman L’allaitement, comprendre et réussir, si vos grossesses précédentes se sont bien déroulées et que celle-ci se passe normalement, la poursuite de votre allaitement ne fera courir aucun risque à votre futur bébé. Certaines études (Ishii 2009 et Madarshahian et Hassanabadi 2012) démontrent que l’allaitement n’augmente pas les risques de travail prématuré. Le mot d’ordre est que tant que les relations sexuelles sont permises, l’allaitement peut se poursuivre. L’ocytocine, l’hormone responsable des contractions, est libérée en plus grande quantité lors d’un orgasme que lors de l’allaitement. Dans le cas d’une grossesse gémellaire ou s’il y a antécédents d’accouchement prématuré, la mère pourrait préférer amorcer un sevrage graduel. N’hésitez pas à discuter de vos inquiétudes avec votre professionnel de la santé.

Cependant, malgré le souhait de la mère de poursuivre l’allaitement de son premier enfant, les tétées peuvent devenir inconfortables pendant la grossesse. Surtout lors du premier trimestre, les mamelons deviennent sensibles, voir douloureux. Certaines mères ressentiront également un malaise, de l’irritabilité lors de l’allaitement. Dr Jack Newman propose de rappeler à l’enfant de bien ouvrir grande la bouche lors des boires et de rester à l’affût afin de maintenir une belle prise asymétrique. La diminution de la durée des boires peut être envisagée. Habituellement, la sensibilité s’estompe au courant du troisième ou quatrième mois mais peut aussi durer pendant toute la grossesse.

Tel que mentionné dans Le Petit Nourri-Source (7e édition), après le 4e mois de grossesse, pour des raisons hormonales, la production de lait diminue et le goût du lait devient plus salé. L’enfant pourra être amené à téter plus vigoureusement ou au contraire à se désintéresser du sein. Environ 1 enfant sur 2 se sèvre lors de la grossesse, particulièrement au 2e trimestre.

D’autres enfants ne se préoccupent pas de recevoir moins de lait. Ils souhaitent simplement continuer à téter. Il sera important pour la mère de répondre à son besoin nutritionnel augmenté à la fois par la grossesse et l’allaitement. Vers la fin de la grossesse, la créativité du bambin lui permettra de trouver facilement une position confortable lors des tétées. Quelques semaines avant le terme, le lait se transformera en colostrum pour le bébé à venir.

Certaines mères ne souhaitent pas l’allaitement en tandem afin de se concentrer sur le nouveau-né. Elles peuvent se sentir submergées par les demandes de l’enfant plus vieux. D’autres femmes trouvent plutôt que le co-allaitement aide à l’acceptation de l’arrivée du bébé par le bambin et facilite grandement la montée laiteuse.

N’hésitez pas à discuter avec votre enfant de vos souhaits.

Le deuil de l'allaitement

Se préparer à faire des deuils

Le sevrage de l’allaitement […] est une étape complexe et émotionnelle pour de nombreuses mères. Cela implique non seulement un changement physique, mais aussi un processus de deuil à plusieurs niveaux, autant pour vous que pour votre enfant. En mettant fin à l’allaitement, il est fréquent de ressentir un sentiment de perte de cette proximité unique. Il est essentiel de se rappeler que les moments de connexion et de partage avec un enfant évoluent au fil des années. Bien que toute transition demande un temps d’adaptation, faire le choix d’arrêter d’allaiter n’enlève rien aux efforts que vous avez faits pour construire un lien d’attachement avec votre enfant depuis sa naissance. Enfin, il y a le deuil de l’identité de mère-allaitante. Pour beaucoup de femmes, l’allaitement est une partie intégrante du rôle de mère, et arrêter l’allaitement […] peut parfois susciter des sentiments de doute ou de remise en question de cette identité. Il est essentiel de reconnaître et de respecter ces différents deuils qui accompagnent le sevrage de l’allaitement […]. Peu importe la durée de l’allaitement, votre histoire d’allaitement est unique et mérite d’être célébrée telle qu’elle est. (Delisle, 2019).

Lors de la formation sur le deuil de l’allaitement présentée aux bénévoles de Nourri-Source Laurentides en janvier 2024, Amélie Blanchette, accompagnante à la naissance, a nommé l’importance de normaliser les diverses émotions possiblement ressenties lors du sevrage.

  • Sentiment d’échec, de culpabilité, de dévalorisation
  • Colère
  • Soulagement
  • Sentiments ambivalents

Durant la grossesse, la maman peut avoir une vision très claire de sa maternité et de son futur allaitement. Suite à la naissance de son enfant, il arrive parfois que celle-ci éprouve un choc face à la réalité. Elle rencontre la mère qu’elle est réellement. Elle vit et termine son aventure lactée d’une façon peut-être complètement différente de ce à quoi elle s’attendait.
Chères mamans, soyez douces envers vous. Permettez-vous d’admettre que vous vivez un moment difficile. Trouvez-vous une bonne oreille pour valider vos émotions durant cette dure étape. Redoublez les câlins avec votre bébé, votre amoureux(se). Soyez patientes et faites-vous confiance.

L’involution

40 jours après la dernière tétée, les cellules productrices de lait sont éliminées. Ce processus se déroule en deux étapes. Tout d’abord, il y a la mort des cellules productrices de lait pour finalement être remplacées par des adipocytes, ou cellules graisseuses. Certaines femmes peuvent ressentir de l’inconfort et/ou de la sensibilité. N’hésitez pas à consulter en cas de doute. (PNS 7e edition p. 11.)